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#RDVAncestral : Le choléra à Paris
#RDVAncestral
1832, le choléra à Paris
Mon RDVAncestral de ce mois s’inspire du thème donné par généathème pour le mois de mars : 1832
La sœur d’une de mes ancêtres est décédée à Paris en mai 1832.
Et je savais aussi que cette année-là fut marquée par le choléra à Paris et par les émeutes des 5 et 6 juin qui firent 800 morts ou blessés.
Puis je me suis orientée sur l’épidémie de choléra et en lien aussi avec ce que nous vivons depuis 2 ans.
17 mars 2020 fut le premier jour du confinement en France décidé pour lutter contre la propagation du Coronavirus. Nous ne savions pas que nous engagions dans une longue période de restrictions.
Le 17 mars 2020, les autorités annoncent 264 morts.
Le 17 mai 2020, 28 108 décès au total
17 Mars 2022, plus de 140 000 décès.
A l’occasion de cet anniversaire et de la fin du pass vaccinal, France Info a décidé de se pencher sur l’épidémie de 1832 à Paris.
Dans un Podcast diffusé le 17 mars 2022, une journaliste interroge un couple d’ouvriers parisiens, Scévola et Marie Gertrude Dumonceaux.
Extraordinaire, ce sont mes ancêtres !!!
La journaliste : Pouvez-vous vous présenter ?
Scévola : Je suis Scévola Dumonceaux né à Audenarde (Belgique) en 1798.
Nous habitons Paris depuis 10 ans. Auparavant nous habitions Bruxelles et nous sommes belges l’un et l’autre même si j’ai des origines françaises (mon père était français).
Nous avons quitté la Belgique car mon beau-frère Barra Bellanger, français et fondeur en caractères m’a trouvé une place ici à Paris dans l’imprimerie où il travaille.
Marie Gertrude : Je m’appelle Marie Gertrude Coenen et je suis née en 1792 à Zoutleeuw (Belgique). Nous nous sommes mariés à Bruxelles en 1819.
Nous avons 3 enfants vivants, Marie Anne née en 1822, Joseph (NDLR : mon ancêtre) né en 1825 et Louis né en 1827. J’ai perdu 3 enfants : Anne Josèphe née en 1820 à Bruxelles, Jean Victor né en 1823 et Antoinette née en 1831, ces 2 derniers à Paris.
Nos conditions de vie sont très difficiles car nous somme pauvres.
En 10 ans, nous avons changé 4 fois de domicile et comme beaucoup de pauvres, nous sommes partis à la cloche de bois.
En 1822, nous logions dans un taudis au 15 rue de la Huchette. Une seule pièce au dernier étage.
En 1825, j’accouche à la maternité de Port Royal et nous demeurons rue Jean de Beauvais.
En 1827, Louis nait au même hôpital et nous vivons rue de la Parcheminerie.
Actuellement, nous habitons rue Contrescarpe et c’est là où est née Antoinette en février 1831 et où elle est morte en novembre 1831.
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La rue Contrescarpe vers 1866
Photo de Marville
Mais il faut vous imaginer que la ville ne ressemble en rien à ce que vous connaissez en 2022. Paris est encore une ville moyenâgeuse.
Comme il n’y a pas d’égouts, les habitants vident leurs pot de chambre dans la rue ou bien les excréments sont accumulés dans des fosses d’aisance sous chaque maison. ensuite des vidangeurs viennent les vider, mais en entre 2 passages, l’odeur est insupportable et suffocante.
L’absence de trottoirs rend la circulation piétonne dangereuse.
Nous sommes contents d’habiter dans cette rue (Contrescarpe) et d’avoir quitté le quartier Maubert de plus en plus peuplé.
Notre logement est petit, sans eau courante, sans électricité et sans chauffage.
Situation en 1832 :
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Source :
https://www.water-quality-journal.org/articles/wqual/pdf/1996/02/wqual1996272p97.pdf
La journaliste: Que savez-vous du choléra ?
Scévola : Nous ne savons rien du choléra et pendant plusieurs semaines, on nous a expliqué que ce n’était pas grave.
Pourtant nous avons bien vu qu’il y avait beaucoup plus de morts que d’ordinaire. Au mois d’avril, des corbillards passaient en grand nombre rue Saint Jacques en particulier.
Et nous avons aussi vu que l’on nettoyait les rues avec des produits et parfois une odeur très forte s’échappait de certaines cours d’immeubles. (NDLR : c’était du chlore).
La journaliste : Le choléra est dû à une bactérie mortelle et provient du Bengale indien, puis est passé par la Perse, la Syrie, l'Égypte avant de faire étape à Moscou et grignoter le nord-est de l'Europe (Russie, Pologne, Allemagne et Angleterre)
C’est en février 1832 qu’il s’annonce à Londres et l’inquiétude commence à grandir.
Le 29 mars 1832, le Journal des Débats publie son premier article concernant le choléra.
Des doutes subsistent au sujet de sa dangerosité.
Le 26 mars 1832, un homme meurt rue Mazarine atteint par la bactérie.
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C’est le début d’une épidémie qui tua durant le mois d’avril 1832 12 000 parisiens sur un total de 18 400 victimes.
Le cimetière du Montparnasse inhumera en avril 3414 malades et le Père Lachaise 4271.
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Registre journalier du cimetière Montparnasse, fin avril 1832
La journaliste: Dans votre famille, quelqu’un est-il mort du choléra ?
Marie-Gertrude : Non car mon mari, moi-même et nos 3 enfants sommes toujours en vie.
Nous avons fait très attention, mes enfants ne sont pas sortis et seul mon mari a travaillé.
Mais ma sœur, Isabelle mariée à Barra Bellanger est morte le 17 mai 1832. Elle venait d’accoucher d’un enfant mort-né. Elle était très affaiblie.
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Elle était âgée de 43 ans et laisse 2 orphelins, Joseph Adolphe et Émelie Julie, âgés respectivement de 13 et 11 ans.
Ils habitaient non loin de nous, rue du Foin.
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Sur la carte ci-dessus, en rouge, le domicile d’Isabelle et en bleu le nôtre
La journaliste : Et pour vous que s’est-il passé ensuite ?
Scévola : Nous avons eu encore une fille née en février 1833 et morte jeune.
Puis nous avons déménagé plusieurs fois pour terminer notre vie rue St Jacques.
Ma femme est morte en 1853 à notre domicile.
Je suis décédé en 1858, hospitalisé à la Pitié après une pneumonie.
J’ai eu la joie de connaitre de nombreux petits-enfants :
Les 4 de ma fille Marie Anne nés en 1846, 1847 et 1851 (des jumeaux). J’ai même été le parrain de l’ainée née en 1846.
Les 3 premiers de Joseph nés en 1851, 1852 et 1855
Les 2 premiers de Louis nés en 1852 et 1854.
Mais Charles, ton arrière-grand-père est né en 1860, 2 ans après ma disparition.
Ainsi se termine ce Podcast consacré au choléra de 1832 avec plus de 100 000 morts en France.
Il réapparu en 1849 et fit 19 184 morts à Paris et plus de 100 000 victimes en France
Une 3e épidémie survint en 1854- 1855 et fit 143 468 morts en Franc.
Aujourd’hui, en 2022, ce n’est plus une maladie mortelle. On la soigne principalement avec des sels de réhydratation.