#1J1Ancêtre: Le bicentenaire de Joseph Dumonceaux
Le bicentenaire de Joseph
1825 – 2025
Aujourd’hui, 26 septembre 2025, Joseph Charles Dumonceaux aurait eu 200 ans.
Joseph est mon arrière-arrière-grand-père et il est le premier de mes aïeux (en ligne directe) à être né à Paris.
Et je possède une photo de lui.
Photo non datée
La famille Dumonceaux est originaire du village de Reugny en Indre et Loire.
Les hommes sont sergents royaux ou fermiers (collecteurs des impôts pour le Seigneur) depuis des siècles.
Les filles sont instruites et savent signer les registres paroissiaux.
La Révolution brise ce cadre familial car François Nicolas Dumonceaux (1754 – 1803) quitte la Touraine à cette époque.
En 1796, il est Maréchal des Logis à la gendarmerie d’Alost en Belgique et il finira sa vie dans ce pays.
La Belgique sera française de 1795 à 1814.
Il se marie avec une belge, Anne Josèphe Motteau et le couple a 3 enfants.
François meurt à Bruxelles en 1803, sa femme se remarie avec un belge et le couple aura une fille née en 1810.
L’aventure parisienne de la famille Dumonceaux démarre sans doute en 1821.
Scévola Dumonceaux (fils de François et né en 1798) émigre à Paris avec sa femme Marie Gertrude Coenen (née en 1792).
Ils ont eu une fille née en 1820 à Bruxelles mais je ne sais rien d’elle hormis sa naissance.
La mère de Scévola décède en 1820 âgée de 50 ans. Plus rien ne les retient donc à Bruxelles.
Leur premier logement parisien est 15 rue de la Huchette. Ils y retrouvent, Isabelle Coenen (sœur de marie Gertrude) et son mari Barra Bellanger.
Barra et Scévola sont tous les 2 fondeurs en caractères.
En 1815, Paris est encore une ville médiévale dont les limites n’ont pas changé depuis la construction du mur des Fermiers généraux (1784 – 1790)
Les migrations ont accumulé dans cet espace limité des nouveaux venus par centaines de milliers. Et ils s’entassent dans les bâtiments pauvres du vieux centre. La rue de la Huchette en fait partie.
La famille Dumonceaux change très souvent de logements dont on retrouve l’adresse grâce aux actes d’état civil.
Ils vivent toutefois toujours dans le même quartier (le 12e arrondissement ancien) situé entre la Seine et le Panthéon : rue de la Huchette, rue Jean de Beauvais, rue de la Parcheminerie, rue Blainville, rue Boutebrie, rue de la Bûcherie.
La famille de Scévola et Marie Gertrude Coenen
Bien sûr, ils vont avoir des enfants régulièrement entre 1820 et 1833.
En 1833, Marie Gertrude a 41 ans et ses maternités s’arrêtent.
Sur les 7 enfants du couple, 3 naissent à la Maison d’accouchement du 12e arrondissement :
Jean Victor le 11 novembre 1823 et abandonné par sa mère et enregistré sous le nom de Desmousseaux
Joseph Charles le 26 septembre 1825.
Louis le 8 mai 1827
Les autres, toutes des filles sont nées à la maison : Adèle en 1820 à Bruxelles, Marie Anne en mars 1822, Antoinette en février 1831 et Antoinette en février 1833. Seule Marie Anne aura une descendance.
Le 26 septembre 1825
Joseph nait à la Maison d’accouchement du 12e arrondissement ou Maternité de Port Royal.
Sa mère a été hospitalisée le 27 août 1825, soit 1 mois avant la naissance. Elle en sortira le 9 octobre et le bébé a déjà 13 jours.
Sur 183 enfants nés en septembre 1825 à la maternité, 65 seront abandonnés soit 35%.
/image%2F3046906%2F20250924%2Fob_268482_naissance-joseph-dumonceaux-1825.png)
Maison d’accouchement ou hospice de Port Royal.
L'hospice de la Maternité, fondé en 1795, s'installe dans l'ancienne abbaye de Port-Royal supprimée puis transformée de 1793 à 1794 en lieu de détention sous le nom de prison de Portlibre ou encore prison de la Bourbe.
En 1795, la Convention restitue l'établissement et décrète sa mise à disposition de l'administration générale des hospices qui s'empresse de l'affecter aux enfants trouvés de moins de deux ans et à leurs nourrices hébergés depuis plusieurs mois dans les bâtiments du Val-de-Grâce, ainsi qu'aux femmes en fin de grossesse.
L’installation définitive de l'hospice et de l'école s'effectue le 1er octobre 1814.
La Maternité abrite 328 lits réservés aux femmes en couches en 1840, contre 433 en 1820 et 500 en 1802.
L'établissement subit peu de transformations malgré l'ouverture en 1890, sur une partie de son domaine, de la clinique Baudelocque.
En 1900, la Maternité gère 443 lits répartis en 283 lits pour femmes en couches et 160 berceaux.
/image%2F3046906%2F20250925%2Fob_311b16_plaque-bd-de-port-royal-2.jpg)
Plaque apposée boulevard de Port Royal.
Le service militaire de Joseph en 1846
Lors de recherches systématiques sur le site des Archives Nationales, j’ai trouvé la référence d’un dossier de naturalisation au nom de Scévola Dumonceaux.
L’ayant consulté aux Archives, j’ai découvert qu’il s’agissait de justifier la non naturalisation de Scévola pour que son fils Joseph ne fasse pas de service militaire.
Situation politique :
En 1845, c’est le règne de Louis-Philippe depuis 15 ans déjà. Son règne sera dénommé la Monarchie de Juillet qui sera renversée par les émeutes de 1848.
Depuis l’abdication de Napoléon en 1814, la France est redevenue une royauté avec Louis XVIII (1814-1824) et ensuite Charles X (1824-1830).
Sous Louis-Philippe, on voit un enrichissement de la bourgeoisie, une extrême pauvreté de la classe ouvrière et des révoltes populaires incessantes.
Parmi les ministres de Louis-Philippe, 2 noms sont restés dans l’histoire : Thiers et Guizot. C’est le fameux « enrichissez-vous » de Guizot. Et Thiers sera « célèbre » pour la répression dans le sang de la « Commune de Paris ».
En ce qui concerne la conscription en 1845, la loi en vigueur est la loi Soult de 1832. Les autorités militaires pensaient qu’il fallait, pour avoir une excellente armée, que les soldats restent longtemps sous les drapeaux.
La durée du service est donc de 7 ans avec tirage au sort et possibilité d’avoir un remplaçant.
On peut donc comprendre le peu d’empressement qu’avait Joseph Dumonceaux de faire son service militaire.
Les démarches débutent en janvier 1846, alors que Joseph n’a pas atteint sa majorité (elle est à 21 ans, soit le 26 septembre 1846 pour lui).
Scévola va prouver sa « non naturalisation » comme français et ainsi prouver que Joseph est belge !
Mais le Ministre de la Justice est plus retors que lui et Scévola perdra !!!!
En effet, il donnera sa réponse définitive le 12 novembre 1846, Joseph est majeur et aurait pu demander la nationalité française.
Mais, comme il n’y a plus de registres, je ne sais pas s’il a été incorporé.
3 novembre 1849, le mariage de Joseph et Héloïse
/image%2F3046906%2F20250925%2Fob_7c9077_mariage-2.png)
Joseph Charles Dumonceaux et Héloïse Agathe Parrain se marient à la Mairie du 7e arrondissement, puis à l’église Saint Méry.
L’acte reconstitué est succinct et ne précise ni les professions des mariés, ni les témoins.
Héloïse est née le 9 août 1831.
Son père Eloi est ouvrier parfumeur. Il est veuf.
Sa mère Marguerite Jacquier est marchande à la Halle centrale. Elle a eu un enfant en 1818 qu’elle a abandonné (François Jacquet)
Le couple va avoir 7 enfants entre 1851 et 1867
Mais beaucoup vont décéder très jeunes .
- Joseph né en 1851 et décédé à 15 jours en nourrice
- Constant Émile né en 1852 et décédé en nourrice à l’âge de 15 jours
- Amélie née en 1855. Elle était plumassière et elle meurt en février 1878 de tuberculose.
- Charles né en 1860, mon arrière-grand-père. il aura une descendance et il vivra jusqu’en 1944.
- Constant Eloi né en 1863 et décédé chez ses parents à l’âge de 8 jours.
- Anna née en 1864 et elle aura, elle aussi, une descendance. Elle meurt en 1940
- Georges né en 1867. Il meurt en janvier 1869
Beaucoup de logements
Leurs 2 premiers enfants naissent rue Zacharie, une rue qui est perpendiculaire à la Seine et qui s’appelle la rue Privas.
Puis ils vont rue du faubourg du Temple mais à plusieurs adresses différentes.
Ensuite, retour dans le 6e arrondissement : rue de l’École de Médecine, rue Serpente, rue de l’Éperon, rue Suger.
Fondeur en caractères et Plumassière
Ce sont les métiers exercés par Joseph et Héloïse.
- Joseph exerce le même métier que son père Scévola.
Le fondeur en caractères fabrique la matrice en cuivre à partir d’un poinçon gravé pour former la lettre en creux. Puis il fond les caractères en plomb en vue de la composition manuelle.
La frappe de la matrice réclame une grande précision et la perfection doit être au rendez-vous afin que les caractères soient tous à la même hauteur.
Au cabinet des poinçons de l’Imprimerie Nationale sont conservées 500 000 pièces.
- Héloïse et ses 2 filles Amélie et Anna sont plumassières.
En 1880, la plume occupe environ 800 maisons et 6 à 7000 personnes.
Aujourd’hui, la plumassière fournit la haute couture et le monde du music hall, du cinéma et du théâtre.
Amélie (1855 -1878)
Anna vers 1880 (16 ans)
Le 21 janvier 1878, décès de Joseph
Suite à un coup de froid, Joseph meurt le 21 janvier 1878 à son domicile 34 rue Serpente. Il a 58 ans.
/image%2F3046906%2F20250925%2Fob_b94742_27-deces-de-joseph-dx.png)
Le 13 février 1878, Amélie décède à son tour.
Joseph Dumonceaux sera inhumé dans la concession perpétuelle achetée par sa sœur en 1858. Ses parents y sont déjà.
Amélie, par contre, est enterrée au Cimetière d’Ivry sur Seine dans le carré des indigents.
Le 21 avril 1897, Héloïse décède à son domicile.
Héloïse en 1896
Elle a été veuve pendant près de 20 ans et a tout fait pour que son fils Charles (1860 -1944) puisse devenir Instituteur de la Ville de Paris.
/image%2F3046906%2F20250924%2Fob_0e5a00_faire-part-deces.jpg)
Descendance de Joseph et Héloïse
Ils ont eu 2 enfants, Charles et Anna qui se sont mariés
Charles a eu 3 enfants et 6 petits-enfants dont mon père Pierre Dumonceaux né en 1912
Anna a eu 3 enfants et 4 petits-enfants.