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Tante Simone en 1957

 

            A l’occasion de travaux, j’ai dû vider l’ancien secrétaire de ma grand-mère afin de le déplacer.

            Peu de documents inconnus sauf 4 pochettes de photos, chacune étant datée.

            La plus ancienne, 1955-1957, contenait des photos noir et blanc et parmi celles-ci, l’une m’a « tapé dans l’œil ».

            La voici : une femme est accoudée à la fenêtre et regarde dehors.

Au fond, des arbres et à droite, sur les murs des tableaux accrochés.

 

Juillet 1957

            Cette femme est Simone Dumonceaux épouse Duluard, un des 2 tantes de mon père. Mais pourquoi est-elle ainsi, attend-elle quelqu’un, est-elle triste ou joyeuse ?

            Pour avoir une réponse, je décide d’aller la voir chez elle. Je sais qu’elle habite au 10 rue Lamarck à Paris dans le 18e arrondissement.

Avec mes parents, nous sommes allés déjà chez elle mais mes souvenirs se sont estompés.

            Je monte donc au 4e étage et sonne à sa porte.

Après quelques instants, elle m’ouvre et s’exclame :

            Odile, je te reconnais bien, tu es une des filles de Pierre mon neveu.

Pourquoi me rends-tu visite ?

 

            C’est un peu compliqué car il faut mélanger les époques.

Actuellement, nous sommes en 2024, mais la photo a été faite en juillet 1957 et tu n’es plus là depuis 1987. Et je voudrais te poser des questions. Acceptes-tu ?

            Pas de problème, je vais essayer d’y répondre et je te ferai visiter mon appartement qui est tout petit.

 

            Que fais-tu donc quand la photo a été réalisée ?

            Eh bien, je regarde tout d’abord, les arbres du jardin du couvent situé de l’autre côté de la rue

Ensuite, je pense à François, mon mari. Il est mort en octobre  1943, cela fait presque 14 ans, mais il me manque toujours.

 

Depuis combien d’années habites-tu ici ?

Avec François, nous nous sommes mariés en décembre 1922 puis avons habité dans le 9e arrondissement. Ce n’est qu’en 1930 que nous eu ce logement et j’en suis toujours la locataire.

Comme tu le sais bien entendu, nous avions une très grande différence d’âge : François était né en 1866 et moi en 1898. Oui 32 ans, c’est beaucoup mais j’étais follement amoureuse de lui. Nous avons eu une très belle vie de couple qui a duré un peu plus de 20 ans.

 

Avez-vous eu un ou des enfants ?

Non, François ne voulait pas car il se trouvait trop vieux. Et puis il avait eu un fils avec sa première femme, Jack né en 1900.

 

Je constate que les murs sont couverts de tableaux et je demande à Simone de m’en parler.

Dans cette pièce qui est un bureau, j’ai accroché 1 portrait de François et 5 tableaux de moi.

Sur 2, je suis peinte nue de face et de dos, mais cela ne me gêne pas.  Seuls mes amis et ta famille peuvent les voir.

 

Je connais celui où tu as un chapeau vert, car je l’ai eu en héritage. Il est dans ma maison.

            Celui au-dessus de la glace est chez une fille de mon frère.

            Je vois aussi que tu aimes les fleurs.

            Je suis très contente que mes tableaux soient restés dans la famille Dumonceaux. Ton père est le seul qui a pris des nouvelles de moi.

            Ma sœur et son mari, je ne m’entends pas du tout avec eux et c’est réciproque.,

 

            Nous quittons le bureau, traversons un minuscule palier et allons dans la chambre-salle à manger.

            La vue est magnifique et immense. On est presqu’en haut de la Butte et en haut de l’immeuble. Des milliers de toit en zinc et au loin des églises, la Tour Eiffel….

Je vois encore 3 portraits de Simone dont un immense au-dessus de son lit.

 

Simone voit mon regard et sourit.

            Oui c’est le plus grand et le plus beau que François a peint.

On constate une harmonie de couleurs entre mes vêtements et ma chevelure rousse. J’aimais être rousse car cela marquait ma différence et car j’étais ainsi admirée.

            Tous les soirs quand je me couche, je sens qu’elle veille sur mon sommeil et je pense à mon mari.

            Où est cette toile désormais ?

 

            Je ne sais pas exactement.

Après le décès de Jacqueline, ma mère, nous avons partagé l’ensemble des toiles peintes par ton mari et elles sont accrochées chez nous.

            Ah je suis bien contente.

Je dois aller à Paris pour rencontrer une amie et je vais être obligée de t’abandonner, mais j’ai été enchantée de te rencontrer.

 

            Moi aussi. Au revoir

Nous descendons ensemble et Simone me quitte devant la porte de son immeuble.

 

Les photos ont sans doute été faites par elle, elles datent de 1963-1964.

Simone va vivre encore 30 ans car elle décède fin juillet 1987.

Ma mère et moi (alors enceinte de 7 mois et demi) avons vidé son appartement.

Il était magnifiquement situé mais n’avait pas de salle de bain ou de douche et une cuisine grande comme un mouchoir de poche.

Une vue de son immeuble sur Wikipédia

 

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C
Toutes ces photos qui permettent de bien comprendre la vie d'antan !
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D
la personne qui a pris la photo de Simone de dos à la fenêtre a dû être prise par l'émotion d'un moment magique, et vouloir 'l'immortaliser. A l'époque on ne mitraillait pas comme de nos jours.
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A
Ah, ce bonheur des photos qui en disant souvent bien plus que de longs discours sur nos ancêtres. Elles parlent d'elles-mêmes...<br /> Merci pour ce partage !
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