#La photo du mois
Le bonheur avant la tragédie
Juillet 1914
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La photo a été prise en juillet 1914 dans un jardin parisien.
Elle est l’image du bonheur d’un couple avec leur enfant. Le père regarde avec attendrissement l’enfant qui tend l’index vers un objet ou un animal. La mère sourit discrètement, elle est bien habillée et belle
L’enfant est mon père Pierre Dumonceaux né le 24 juin 1912 à Paris. Il a donc 2 ans, est blond avec les cheveux bouclés et porte une robe comme c’était la coutume.
La mère, Henriette Rudler épouse Dumonceaux est née le 31 janvier 1885 à Paris. Elle a donc 29 ans et travaille aux Chemins de fer.
Le père, Robert Dumonceaux a 28 ans car né le 10 janvier 1886. Il est Instituteur de la Ville de Paris.
Mariés en octobre 1907, Pierre est leur premier enfant
Mais quelques jours plus tard :
Le 31 juillet 1914, Jaurès ardent défenseur de la Paix est assassiné au café du Croissant à Paris.
Le 2 août, la mobilisation générale est proclamée.
Les Dumonceaux sont en vacances dans les Alpes à Marignier.
Robert rentre à Paris, seul et il écrit à sa femme quelques heures après son départ.
Annemasse 9h
Ma chère petite femme,
Je suis arrivé à Annemasse à 7 heures et je suis obligé d’attendre jusqu’à 10 heures pour prendre le train de Bellegarde. J’arriverai à Paris sans doute vers minuit.
J’ai vu notre pauvre petit Pierrot au passage à niveau. Pauvre petit mignon ! Il a pleuré en me voyant partir. Oh ! ce cri de douleur, il m’ a serré le cœur et je l’aurai toujours dans les oreilles. Je pleure en t’écrivant ces lignes, je pense constamment à toi et à notre petit.
Je viens de lire les journaux de Lyon. La mobilisation se poursuit mais il n’y a pas encore de déclaration de guerre. Les relations diplomatiques ne sont pas rompues entre l’Allemagne et la France, on continue à causer.
Espérons toujours !
Je voyage depuis Marignier en compagnie d’un lyonnais qui devait passer ses vacances à Marignier. Il laisse une femme. Nous ferons route ensemble jusqu’à Ambérieu.
Arrivé à Paris, j’irai d’abord chez toi puis chez nous où je coucherai.
Les voyageurs pensent encore circuler jusqu’à ce soir minuit. Passé cette heure, les trains seront exclusivement réservés aux militaires.
On monte n’importe où en 2è ou en 1è classe.
Je voudrais pouvoir dormir, car je me sens un peu fatigué.
Sois forte , ma chère femme, pense à notre enfant. C’est ta consolation ; fais –le penser à papa, qu’il conserve mon souvenir et qu’il me fasse fête à mon retour.
Je vous embrasse tous deux de tout mon cœur de mari et de père.
Robert
Je t’écrirai arrivé à Paris
Robert ne partira pas tout de suite au front car en tant qu’instituteur, il sera affecté à l’instruction des recrues.
Au front, il sera brancardier et blessé pendant la campagne de la Marne en septembre 1915.
Henriette quittera les Chemins de fer et sera embauchée comme Institutrice remplaçante en 1915.
Autre souvenir : une carte envoyée à son fils en 1915
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