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#RDVAncestral

La photo du bouquiniste

 

            Samedi 21 octobre 2023, je me promène le long de la Seine et regarde attentivement les boîtes des bouquinistes.

J’y attache d’autant plus d’importance qu’ils sont menacés de fermeture pendant les JO de 2024.

Soudain, une photo placée sur un chevalet m’interpelle :  On dirait ma grand-mère et son amie la Tante Nini.

Vite, vite, je demande le prix, le marchand me répond : 35€ car c’est une grande photo.

Je l’achète aussitôt et m’installe à la terrasse d’un café. Il fait doux, sans pluie et avec du soleil.

Au dos quelques lignes :

« Eugénie et moi, octobre 1951 »

Et soudain, assises à côté de moi ma grand-mère, Henriette et Eugénie que j’ai toujours appelée tante Nini .

            Ah que je suis contente de vous rencontrer toutes les 2.

Savez-vous que Dominique, ma sœur, est née au mois d’octobre 1951 ?                                              Bien sûr et d’ailleurs, et sur la photo, nous étions en train de réfléchir au cadeau que nous allions faire à tes parents.

 

            J’ai des tas de questions à  poser, surtout à la tante Nini et j’espère que tu pourras y répondre.

            Quel est ton vrai prénom  et ton nom de famille                                                                              Je m’appelle Eugénie mais depuis que je suis petite, on m’a affublé de ce diminutif, Nini. Mais je trouve cela très joli et je m’y suis parfaitement habitué.                                                 Mon nom de jeune fille est Cottin et celui d’épouse De Laët.

Et pourquoi tante ?                                                                                                              C’est ton père Pierre qui a commencé car il m’a toujours considéré comme la sœur de sa mère.

            Comment as-tu connu ma grand-mère ?                                                                                         Je l’ai connue grâce à nos maris respectifs, Edmond (le mien) et Robert (ton grand-père) étaient tous les 2 instituteurs de la ville de Paris et se voyaient lors de réunions pédagogiques. Ils étaient de la même génération, l’un né en 1884 et l’autre en 1886.

A l’époque, ils étaient célibataires

            En 1907, tes grands-parents se sont mariés.

En 1910, ce fut au tour d’Edmond et moi.

Puis nous sommes devenus amis et avec d’autres couples nous aimions sortir et nous amuser.

 

Henriette assise avec un chemisier blanc

Edmond est à côté d’elle

Eugénie est derrière son mari

Robert est à côté d’Eugénie 

 

            Vous aviez des chapeaux magnifiques

5 ans après le mariage de ses parents, mon père Pierre est né le 24 juin 1912.                           Avez-vous eu des enfants Edmond et toi ?

A cette question, je vois les yeux de tante Nini se remplirent de larmes.                                     Non à cause de la guerre de 14-18 et ce fut une très grande souffrance pour moi.                        La guerre a été déclarée le 3 août 1914 et ce fut immédiatement la mobilisation générale            Et puis, il est mort lors au combat entre le 11 et le 12 janvier 1915 à Crouy (Aisne)

 

Extrait fiche matricule d’Edmond De Laët

Et je me souviens avoir écrit à ta grand-mère le 7 février 1915.                                                          Je n’avais plus de nouvelles de lui depuis le 10 janvier, mais j’ espérais qu’il était prisonnier.                Puis début février, on m’a annoncé la nouvelle de sa « mort en brave à la tête de sa compagnie ».

            J’ai espéré que c’était un mauvais rêve, mais non.

            A la déclaration de guerre, nous étions mariés depuis tout juste 4 ans et pensions avoir du temps pour vivre heureux sans enfant.

            J’ai réussi à avoir une vie professionnelle (institutrice)et amicale heureuse et Henriette m’a beaucoup aidé. C’est aussi pourquoi, j’ai toujours considéré Pierre et son frère Jean comme des neveux.

            Et ensuite, vous 4 les enfants de Pierre, je vous ai aimés comme des petits-neveux.

            Te souviens-tu de moi ?

 

            Bien sûr et j’ai même des photos faites à Azy en 1956.

Tu es à droite juste derrière moi et Henriette est à gauche à côté de son fils Pierre.

Et j’ai retrouvé dans la boite où je conserve les cartes que Mamy m’envoyait (quand j’étais petite), une carte que tu m’avais adressée. Il n’y a pas de date mais je devais avoir 7-8 ans.

 

La vue de ces cartes nous fait rire toutes les 3.

Soudain, elles me disent : « Au revoir, Odile, nous avons été très contentes de te rencontrer et d’évoquer le passé avec toi. »

 

            Toutes les 2 ont vécu jusqu’en 1973 :

Eugénie est morte en mars

Henriette en décembre.

 

 

 

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B
Voilà une photo bien inspirante !
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F
Que de photos et sacrebleu imposants couvre-chef
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D
Tu as vraiment trouvé cette photo chez un bouquiniste ?
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E
Quelle est touchante cette rencontre photographique !
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A
Super ce rendez-vous autour d'une photo, quelle chance de l'avoir récupérée
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