#RDVAncestral: L'exposition universelle de 1867
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L’exposition universelle de 1867
Pour préparer ce RDVAncestral, je me suis inspirée du Généathème de juin « Le Second Empire » et je me suis posé la question de savoir quels ancêtres parisiens avaient vécu cette période et comment.
La réponse :
- Un seul couple Joseph et Héloïse Dumonceaux mariés en 1849
- 7 enfants : 5 garçons et 2 filles. Un seul garçon a survécu, Charles né en 1860 ( et décédé en 1944). Une des 2 filles est morte de tuberculose en 1878 à 22 ans et l’autre a vécu jusqu’en 1940.
- De très nombreux logements (une bonne dizaine) Mais toujours dans les quartiers pauvres de Paris (Rue Zacharie, Rue du Faubourg du Temple avec 4 adresses différentes, rue de l’Ecole de Médecine et enfin rue Serpente)
- Leurs métiers: Joseph est fondeur en caractères comme son père et Héloïse est plumassière
Ils étaient donc loin des fastes de l’Empire et ils n’ont pas été concernés par les transformations urbaines de Paris.
Toutefois, j’ai découvert que pour l’Exposition Universelle de 1867, des délégations ouvrières avaient été élues au cours de l’année 1866 afin de connaitre l’opinion des ouvriers sur l’industrie et sur eux-mêmes.
J’ai donc imaginé Joseph en délégué.
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Vue de l’exposition située au Champ de Mars
Les grands travaux de Paris viennent de se terminer. L'Exposition universelle marque l'apogée du Second Empire et le triomphe du libéralisme saint-simonien.
En 1864, l'empereur Napoléon III décide que la prochaine Exposition universelle aura lieu à Paris en 1867. Le financement est assuré par l'État, la commune et des souscripteurs privés.
Afin d'organiser cette Exposition, l'empereur Napoléon III réunit une commission composée de personnages de premier plan appartenant à la vie économique et politique du Second Empire. La direction de cette commission est confiée à deux hommes ayant l'expérience des Expositions universelles, le cousin de l'empereur le prince Napoléon et l'ingénieur Frédéric Le Play.
Le site retenu pour la manifestation est le Champ-de-Mars sur une superficie d'une cinquantaine d'hectares à laquelle s'ajoutent les vingt hectares de l'île de Billancourt pour l'Exposition agricole.
La Commission impériale nomme en mars 1867 Gioachino Rossini président honoraire du Comité de composition musicale. L'Hymne à Napoléon III et à son vaillant peuple de Rossini sera l'hymne officiel de l'Exposition.
Source : Wipédia
Aujourd’hui dimanche 16 juin 1867, je décide de me rendre à l’Exposition Universelle voulue et décidée par l’Empereur.
J’ai entendu parler de délégations ouvrières et je sais que Joseph Dumonceaux en est un.
J’ai donc rendez-vous avec Joseph Dumonceaux, mon AAGP.
Il est fondeur en caractères et a été élu délégué de son imprimerie pour venir et rédiger un rapport sur ce qu’il a vu sur les imprimeurs.
Il m’a demandé de le rejoindre au niveau de l’imprimerie.
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Almanach
Je sais qu’il travaille dans la société Typographie des Abeilles, Plon frères et Cie.
La maison Plon est principalement un imprimeur et ne cache pas son soutien à l’Empereur.
Il est donc normal que la maison collabore pleinement et propose au sein de son personnel, l’élection de délégués qui iront visiter l’exposition et rendre leurs conclusions.
Arrivée sur place, impossible d’hésiter. L’homme au crâne dégarni, avec moustache et barbichette est bien Joseph.
Il est accompagné d’un garçonnet. C’est Charles son fils, âgé de 7 ans. Il a pu venir car comme tous les écoliers de la Seine, il a bénéficié d’une entrée gratuite.
Je ne connais de lui qu’une photo.
Après les présentations, Joseph m’explique les missions que ses collègues lui ont données outre celle d’examiner les travaux et/ou les machines exposées.
- D’abord la question des salaires
C’est la question principale, celle qui domine toutes les autres, et à laquelle toutes les autres se ramènent.
Lors des discussions préparatoires, les ouvriers de l’imprimerie ont parfois perdu leur sang-froid, tellement cette question est essentielle.
Nous ne voulons pas des doctrines de l’économie politique, ni de la théorie de l’offre et de la demande.
Notre salaire est insuffisant et nous voulons qu’il augmente.
Les patrons peuvent-ils le faire ? Ce n’est pas notre préoccupation.
Dans mon atelier, mêmes les travailleurs les plus énergiques et les plus sensés réclament d’une façon absolue l’augmentation des salaires.
- Le travail des femmes
Certaines industries, certaines manufactures, usent de plus en plus du travail des femmes. Cette pratique est de nature à faire baisser le taux des salaires.
Les autres délégués avec lesquels nous avons discuté, signalent à qui mieux mieux, comme on pense, toutes les bonnes raisons qu’on peut donner contre la présence des femmes dans les manufactures : l’épouse, la mère doit rester au foyer domestique ; si elle s’absente toute la journée, les enfants demeurent à l’abandon, et le domicile conjugal, mal entretenu, devient inhabitable. Joignez à cela les dangers d’immoralité qu’offrent les ateliers, alors même qu’ils ne sont fréquentés que par des femmes.
Mais Joseph me fait une confidence.
Il ne se sent pas très concerné par ces objections. Sa femme Héloïse travaille comme plumassière et sa fille Amélie (12 ans actuellement) va entrer en apprentissage de plumassière aussi.
- L’instruction des enfants
Le travail des enfants nous mène naturellement à parler de l’instruction.
Là-dessus encore nous n’avons qu’une voix et nous sentons trop bien ce qui manque même aux plus instruits d’entre nous, nous voyons trop bien ce qui fait défaut à la plupart de nous.
Nous demandons tous l’instruction gratuite et obligatoire ; nous demandons un enseignement technique, des cours professionnels.
Sur la question de la gratuité, il n’y a pas de discussion possible, puisque nous n’avons pas à nous préoccuper des voies et moyens.
Nous désirons naturellement qu’on l’organise sur la plus vaste échelle, et il faut dire que sous ce rapport on leur a donné un commencement de satisfaction.
Je suis personnellement très intéressé par l’instruction gratuite.
Charles va à l’école communale, rue de Vaugirard mais cela coûte cher à la famille qui doit faire des sacrifices.
En 1877, Charles entre à l’école Normale d’instituteurs. Après le décès de son père en 1878, Héloïse la mère de Charles contractera des dettes afin qu’il puisse continuer sa scolarité.
- Les livrets ouvriers
En ce qui concerne les livrets, il nous paraît facile d’accéder au désir des délégués.
L’obligation d’avoir un livret et de le faire viser par l’autorité administrative à chaque changement d’atelier pèse beaucoup aux ouvriers. C’est une perte de temps pour eux, et ils y voient un procédé de surveillance qui les blesse.
« Du moment, dit un des délégués, que l’on nous reconnaît comme citoyens et électeurs, nous ne devons pas être sans cesse sous la surveillance de la police. »
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- Le droit de réunion
Pour Joseph, il est indispensable de le demander car les ouvriers ne peuvent se concerter sans se réunir.
La loi du 8 juin 18968 leur donnera satisfaction.
- L’établissement de chambres syndicales
Joseph est un peu plus évasif et me rapporte ceci :
« C’est de la part des ouvriers l’objet de désirs anciennement manifestés ; on en trouve déjà l’expression dans les rapports de 1862.
Ils veulent former dans chaque corps de métier une association et nommer des représentants chargés de débattre leurs intérêts avec les patrons.
Ils espèrent que beaucoup de froissements pourront être ainsi évités, et que les grèves deviendront plus rares. »
Je suis passionnée par les propos de Joseph et la pertinence des questions soulevées et par leurs aspirations.
Je pense que les rapports des délégations ouvrières restent comme un des résultats les plus intéressants de l’exposition de 1867.
Je quitte donc Joseph et Charles et je m’en vais visiter les pavillons étrangers.
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Sources :
Wikipédia
Almanach et Catalogue de l’exposition universelle de 1867, numérisés par Gallica.
Wikisource : Les Délégations ouvrières à l'exposition universelle de 1867 par Edgar Saveney
https://www.youtube.com/watch?v=1N8Lcp1WTa0 le monde du travail à l’exposition universelle de 1867, conférence donnée à l’Ecole Nationale des Chartes